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Retrouvez des articles parus dans la dépeche de kabylie

 

« ACHOUR L’MCB » a été enterré chez lui à AIT R’zine hier

(paru dans la dépêche du Samedi 10 Août 2002

La nouvelle du décès de Achour L’MCB a vite fait le tour de toutes les contrées de la vallée, et même au delà bien loin du côté des collines des « Igawawen ».

Tôt le matin, c’est un véritable conseil de guerre qui s’est tenu avec les militants de sa commune Ait R’zine. Des jeunes, des affiches pleins les bras distribuaient aux fourgons qui faisaient la navette avec les villes limitroves, des avis de décès. Pas l’ombre d’un doute, c’est bien de Achour L’MCB qu’il s’agit.

Son portrait ornait l’avis, où, on pouvait lire en gros caractères de TIFINAGH d’abord, puis plus bas, en caractère latins dans la langue de celui qui incarnait le combat pour Tamazight les mots douloureux qui annonçaient la fin d’un homme mais tient à rappeler la pérennité du nom et la détermination du combat. « Il est mort, mais son combat reste, le combat pour lequel il croyait, pour lequel nous croyons » : Tamazight. Les rédacteurs de l’avis voulaient par là, probablement rappeler aux vivants, que Achour avant d’être un citoyen normal était surtout un militant. Un militant des causes justes, comme l’a rappelé une banderole accrochée à l’entrée de son quartier à TAOURIRT OU ABLA.

Dans sa commune, il ne comptait pas que des amis. Achour, pour qui a eu la chance de l’approcher, sait que c’était « Une grande Gueule », Il ne s’offusquait jamais de rappeler à quelqu’un qui s’avisait de parler devant lui de Tamazight les lignes directrices, du combat du MCB.

Mais, tous, vraiment tous, lui reconnaissent sa sincérité dans le combat pour Tamazight et son courage à l’affront pour les causes justes. Tous ont pleuré sa mort. Boualem, son Ami, Rachid, son fils, sa femme ont supporté durant de longs mois, sa maladie, qui le voyait faire la navette entre Alger, Sidi Aiche, Akbou où il habitait. Hocine Ablaoui, un ami de tous les jours témoignera que les gens se sont solidarisés lors de sa maladie, et que Achour se voyait toujours recevoir à son chevet les nombreux amis de combats qu’il comptait.

Sur son lit d’hôpital, quelques jours avant sa mort, où il parlait face à un camescope, il me disait que le mouvement citoyen était la continuité du MCB, « Je suis content disait-t-il qu’il y ait une relève de jeunes pour combattre « Tamheqranith », nos jeunes sont formidables. ! » Puis-il ajoutera. Il faut qu’on organise une INTER-WILAYA dans notre commune, je suis avec vous. Devant lui, quelques cassettes audio… Tu écoutes la musique, maintenant ? lui-dis-je.

- Non, je fais de la poésie.

Sacré Achour ! militant même à l’hôpital.

« VOUCHAMAR », un autre vocable, est né 30/11/1948 à Ait R’zine, marié, 4 enfants avec la première épouse et 3 avec la seconde. Après des études primaires au village natal, il parti à Alger pour revenir en 1983.

La première fois que je l’ai vu, c’était en 1975-1976 à la place Emir Abdelkader, il m’avait proposé une revue en Tamazight, chose à l’époque qui approchait du combat téméraire. Feu HAROUNE MOHAMED, Medjbar et compagnie, étaient déjà dans le collimateur de la S.M (sin- lahruf… Matub Lounas). Depuis, ne sachant de lui que son « nom de guerre ». Nous apprîmes, jeunes que nous étions, bien après, son appartenance à notre « âarch », non sans une certaine fierté.

On n’a pas souvenance d’une réunion, d’un meeting, d’une conférence où Achour s’est absenté.

« Sa maladie, dira un ami à lui, date du 25 janvier 1990, quand au lieu de rester à l’hôpital où il était en convalescence, est sorti pour affirmer son appartenance à un courant d’idée ». Il lui aurait expliqué qu’il lui était impossible de laisser les militants sillonner les rues d’Alger, alors qu’il avait lui son mot à dire.

Du combat du MCB qu’il a toujours chéri et privilégié, il a à une époque milité tellement près de Djamal Zenati, qu’à une époque on le disait « FFS ». C’était le temps où les étiquettes étaient faciles à porter.

J’étais à l’imprimerie de la SOFA EXTRA à BOUCHEKFA quand un jour il se ramena avec des documents, pour me demander un devis pour la confection de 2000 bulletins d’adhésion pour le compte du MDC de Said Khellil.

C’est au local du RCD qu’il nous apostropha un jour du haut de sa dignité, parlant bien fort pour dire que s’il était tête de liste des élections au RCD Ait R’zine, ce n’est pas un service qu’il nous demandait mais que c’était « Bla LEMZIYA NWEN », Said Saâdi à l’époque avait une stratégie commune pour contrer le frère ennemi « FFS » a dû composer avec celui qui lui fit dire un jour à Tizi ouzou, qu’il s’était trompé de société.

Plus avant, dans l’histoire, Achour avait un parcourt très riche au sein de l’OFB (L’organisation des forces BERBERES)

 

Après l’enterrement, autour du « couscous des morts » comme on dit, la table garnie pour l’âme de Achour a vu se réunir à la même table, Le FFS à gauche, Le RCD (députés et BN), le MDC (Said Khellil), LAAROUCHE , le  CPWB (HALIM OUSALAH). Il ne manque plus que le MAK fera remarquer  quelqu’un.  Je suis là dira El-HACENE, en prenant sa cuillère, aya BESMELLAH !

Les « émeutiers », eux, dans la salle du fond, devisaient sur les sanctions qui attendent « AMMI ALI  GHERBI ». Certains délégués du mouvement citoyen sont arrivés de « MCISNA » où le conclave de la CICB lui a été dédié avec les 2 martyres locaux. Ils  racontent dans les menu détails, l’interrogatoire effectué, à celui qui incarna durant 15 mois, le slogan « ULAC SMAH ULAC »

Il est vrai qu’autour d’un couscous les choses sont plus simples surtout avec Achour, lui qui fut pris par « un cancer du colon ». Ah j’allais oublier, OULD ALI L’HADI était là aussi, mais a dû repartir vite juste après la cérémonie, pour raison personnelles dira-t-il, il n’a pas pu rester pour le « couscous mortuaire », On a eu donc là  autour de la table toute la KABYLIE, sauf le MCB.

 

M.BOUDJEMAA

 

 

Les citoyens de la Daira d’ighil-Ali à pied d’œuvre pour un conclave aujourd’hui  sur fond d’émeutes.

(paru dans la dépêche de Kabylie du jeudi 01 août 2002

 

Le mouvement citoyen de la daira d’ighil-Ali se prépare à tenir le conclave de l’inter- communal au chef lieu.

Les émeutes qui ont éclaté voilà quatres jours -juste après le débarquement du renfort des CNS continuent encore à cet instant et s’inscrivent dans le temps.

Un délégué d’Ait R’zine, dira que  la venue des brigades anti-émeutes sont là pour provoquer. Nous répondrons par tous les moyens pacifiques ou  «casifiques » comme disait feu «Billy » *. « Nous ne nous arrêterons pas d’exiger leur «départ ».

 

La journée d’hier mercredi a vu une accalmie relative car la population locale a prévu une Assemblée générale pour l’après midi. Mr H.OUSALAH, militant du mouvement d’Ighil-Ali insistera pour qu’on sache que «La population n’a nullement l’intention de saccager un quelconque édifice public. Cette Daira nous appartient. C’est grâce à nous qu’elle est encore debout car  dans les moments les plus durs, c’était nous qui assurions sa sécurité. »

Les délégués des communes et Daira de la Wilaya de Bgayet se retrouverons donc aujourd’hui à Ighil-Ali pour un ordre du jour des plus chargés. Surtout qu’il  est fort probable que l’inter-wilaya se tienne en parallèle à Takerbouzt (Tubiret).

La vigilance est assurée de  façon draconniène par « … l’armée citoyenne » dira Sadek le délégué d’Ait R’zine , les jeunes des deux communes que compte la daira Air R’zine et Ighil-Ali) se sont donné la main pour assurer les conditions sécuritaires à même d’assurer les meileures conditions de  sa tenue.

Rappelons toutefois qu’une délégation conjointe : Des deux présidents d’APC  ainsi que des representants des citoyens se sont vus signifier une fin de non recevoir aux doléances des mondants pour exiger le départ des CNS. Le chef de daira lui n’est pas concerné par cette exigence du moins jusqu’à hier –Il n’ ya que la CADC qui est concernée pour le moment-

·         * Hamlat Billy est cet animateur du mouvement citoyen d’Ait R’zine décédé lors de la bombe de Tazmalt le 15 mai dernier.

M.Boudjemaa

 

 

 

IGHIL-ALI

Conclave de l’inter communal

C’est dans une ambiance de fête que  les travaux  du conclave se sont ouvert à 14 h 10 mn.

(paru dans la dépêche de Kabylie du samedi 03

 

Si au début, chaque délégation avait demandé si les émeutes continuaient toujours, ce ne fut plus une préoccupation pour quiconque quand, les premiers visages souriants les acceuillaient en les rassurant.

 

C’est sur insistance de plusieurs délégations que le président de séance a ouvert jeudi 01 aout 2002 les débats sur fond de polémique : « Le délégué x souhaite réintégrer les travaux après plusieurs mois d’absence, que fait-on ? »

Ce fut un tôlé général, « Ulac smah » ; « Yelha smah ». Les partisans de l’exclusion de ce délégué  ont été les plus forts cette fois-ci. « Ce militant s’est exclu de lui même, et puis il  n’a qu’à structurer d’abord sa commune et se faire mandater »  dira l’un des intervenants.

Sur proposition d’un délégué, Le conclave sera dédié à la mémoire de AMAOUI Omar délégué de timezrit décédé ces derniers mois. (à vérifier le nom et prénoms svp)

Le président ayant eu déjà  beaucoup de peine à faire rétablir le silence annonça lui même un habitant du village qui lira dans un  français inpécable un texte de 3 pages qui sera signé : « comité de suivi des évênements d’Ighil-Ali »

Ce fut tout en monotonie que l’orateur rappelera les valeurs essentielles, le courage, la détermination et les acquis de quinze mois de combat pour un mouvement citoyen toujours debout.

Les conclavistes qui n’étaient pas sensibles à ce genre de littérature commencaient déjà à montrer des signes de lassitude.  Quand à un moment, la phrase : « Vu l’offre de dialogue   affichée par le premier ministre » fût exprimée, les chahutement cecèrent.

L’idée vite exprimée je cite : « d’une proposition de prise de position quant à cette offre de dialogue ainsi que les conditions de sa mise en œuvre ».finit vite par soulever des réactions parfois très violentes quant à ce qui est jugé comme « une déclaration de capitulation ». C’est avec beaucoup  de difficultés que l’orateur a démandé à l’assistance d’avoir l’ammabilité de le laisser terminer  son récit qui dit-il « est bon ou mauvais, mérite par politesse au moins votre attention, au plus un débat ».

-         Aucun débat n’est permis, dit quelqu’un, nous sommes là dpuis une heure déjà et nous n’avons même pas arrêté l’ordre du jour.

-         Le mouvement n’est pas dans une impasse, c’est le pouvoir qui l’est.ajoutera un autre

-          Le Délégué de Tifra ayant demandé la parole, dira à l’orateur : « Il ya un peu de vrai dans tout le faux qui a été dit , passons je vous prie à l’élaboration d’un ordre du jour . N’oublions pas que la les délégations de l’inter-wilaya attendent à cet instant à TAKERBOUZT notre arrivée pour commencer les travaux » 

 

Ce second incident clos, l’ordre du jour sera réduit à l’essentiel – Informations et concertation avant l’inter-wilaya-

Le délégué d’Akfadou rappelera brièvement les actions entammées par la  commission qu’il dirige : Celle de la solidarité. Le sous directeur  de la santé de Bgayet a été approché pour le règlement des dossiers des blessés en instance.

Un volet de la commission juridique a été aussi édicté. Et de rappeler  que « l’affaire » des familles des détenus de Sidi Aich n’en a jamais été une puisqu’il ne s’agit  que d’un problème de communication, et que tout est réglé. L’affaire des formulaires à remplir suit son cours. Il a été annoncé également que la délégation d’Ait R’zine a versé la somme de 4.600,00 DA. Cette somme représentant le geste premier de leur proposition de venir en aide aux familles des détenus, dans l’attente  d’un suivi des autres communes.

Les prisonniers soufrent tous plus ou moins, ce qui a fait suivre une décision unanime à demander la cessation de la grève de la faim.

L’argent envoyé par les émigrés a aussi été cité.

Une proposition aussi qui a fait l’unanimité est celle d’organiser une sorte de séminaire à OUZELLAGENE avant le 20 Aout 2002 pour ainsi « interdire à tous les officiels de s’accaparer cette date. » IL sera décidé lors de ce sémonaire des modalités de gestion du quotidien de l’après 10 Octobre – La refus de ces éléctions a été rappelé, si le   pouvoir s’entête toujours à refuser la plate forme d’El-kseur. Il a été aussi question de reconduire la décision de la CADC au niveau de Bgayet d’exclure les chefs de daira. « Mieux » dira un délégué, « il serait souhaitable d’exiger le départ des procureurs et juges de notre région »

Le rappel de la mise en quarantaine des gendarmes a aussi été rappelée, ainsi que « la mise en garde de toute personne qui serait tentée par l’expérience de la préparation des éléctions municipales  prochaines ».

Une autre intervention a failli remettre la polémique à l’ordre du jour quand un délégué a fustigé « le, ou les personnes qui ont pris l’initiative de placarder dans le quotidien LA DEPECHE DE KABYLIE  un communiqué pour annoncer l’anulation de la rencontre de TAKERBOUZT-(Tubirets) ». Le sang froid de Lahcène a calmé tout le monde puisqu’il a fait son mea culpa en avouant avoir agit seul en son âme et conscience et qu’il était prêt à en assumer les conséquenceset accepte des sanctions si sanction il ya.

La pression de la rue a été à l’ordre du jour, il a été suggéré le siège des  brigades de gendarmerie.

La délégation d’EL-Kseur a remis tout le débat à zéro, « Quand, nous proposons quelque chose, c’est toujours le tôlé pour nous traiter de violents. Mais quand cela vient d’ailleurs, ça passe ». et d’ajouter « Où en est-on d’abord des actions arrêtée lors de nos précédentes réunions ? » Un article de la dépêche intitulé «A qui profitent les barricades » a aussi été cité et de suggérer à demi-mots qu’il y a là : manipulation. « A part l’action du 20 Août, notre délégation n’adhère à aucune autre proposition » terminera-t-il son intervention, qui a assommé tout le monde.

Sofiane le délégué d’Akbou a promis un bilan détaillé la prochaine rencontre, et a demandé d’interpeller les mêmes personnes qui traitaient la décision du départ des chefs de Daira de : manipulation d’autonomistes, et qui se précipitent à l’appliquer sans aucune concertation à l’inter-wilaya »

Le conclave ne pouvait se terminer sans qu’une énième tentative de polémique resurgisse. : Le président de séance, annonce et demande à recevoir une délégation de TAKERBOUZT qui arrive à l’instant pour annoncer l’annulation de l’Inter wilaya ». C’est le branle bas de combat : « Il n’est pas question de la recevoir, encore moins de l’écouter. Nous irons à TAKERBOUZT où d’autres camarades nous attendent, nous ne ferons pas le jeu d’une bipolarisation qui entraînera notre mouvement vers des horizons inconnus »

 Il est vrai que le séisme qui a vu son épicentre situé à BOUIRA risque quelques dégâts alentours… Mais là c’est une histoire. La minute de silence a rappelé à tout le monde combien le chemin est jonché de cadavres Matoub s’est chargé avec sa seule voix de donner la chaire de poule à tous les présents. Les yeux embués par les larmes, AAMMI Rabia (parents de victime), les deux doigts en signe de victoire avait le regard ailleurs. Les cadavres de son fils, RACHID ainsi que son ami MESBAH Krimo ne sont pas loin. Leurs âmes planaient sur le conclave de l’espoir.

 

 

 

 

 

 

ABBAS NAT R’ZINE le CHRIF KHEDDAM (bis)

Paru dans la dépêche du 10 aout 2002)

Hafidh comme on aime à l’appeler chez lui, est ce Chrif Kheddam-bis qui lui, a l’âge de la carrière de Da Chérif.

Abbas Naït R’zine, puisque c’est de lui qu’il s’agit est là avec son luth depuis 20 ans.  Il a chanté les joies et les peines de ses compatriotes, il a surtout chanté l’Amour, que d’aucun lui reconnaissent son immortalité. On fredonne encore « Amek’ar ahlugh » (Comment guérirai-je ?)

Sa première cassette date de 1982. Puis après un temps de répit jusqu’ en 1994, il récidive en  1997, 1998, 1999, 2000, 2002, six (6) cassettes en tout.

Ce n’est que le  15 mars passé que ses fans ont enfin reçu la dernière cassette (deg ghil-iw ) aux éditions « ASALU » à Akbou , pourtant promise une année auparavant. Il a pourtant débuté son enregistrement en janvier 2001. « C’est à cause des événements du printemps noir »- dira-t-il.

En tout c’est 42 minutes de belle musique, une musique envoûtante que nous a offert Abbas Naït R’zine Ecoutons le :

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La dépêche de Kabylie :  ABBAS Nath R’zine, pourquoi ce nom ?

 

ABBAS NAT R ZINE: Abbas c’est mon prénom, At R’zine c’est le nom de ma commune, c’est « l’aarch nat r’zine ». Maintenant pour le choix : Je crois que c’est lui qui m’a choisi.

 

La dépêche de Kabylie : Feu, ton père : « Ammi Messaoud », lui même artiste toute sa vie puisqu’il avait sa propre troupe de  « Tbel », t’a-t-il encouragé à suivre son chemin, celui de l’art ?

 

ABBAS NAT R ZINE : Là, franchement non. D’ailleurs, il était carrément contre à ce que je suive son chemin. Peut-être a-t-il pour référence ce qu’il a enduré lui même pour enfin comprendre que l’art chez nous ne nourri pas son homme. Je me souviens qu’une fois,- oh j’étais très jeune encore-  il m’avait surpris seul avec ma guitare en train de chanter. Et alors là mon ami, il m’a enlevé ma guitare des mains et l’a jetée au loin. Puis,  non content, parce qu’elle était encore intacte et redoutant qu’elle puisse  servir encore, il la suivie pour l’achever. Et depuis ce jour, j’ai toujours joué en cachette et loin de sa présence.

 

La dépêche de Kabylie :  Peux-tu nous retracer ton chemin ?

 

ABBAS NAT R ZINE : Au tout début, c’est à dire à la fin des années 1974, début 1975, il y’ avait encore mon frère Rabah (1). Il aimait bien la guitare lui aussi, nous allions au local de la JFLN (2) ou de l’UNJA (3) avec l’Mouloud  Gwemchiche, Abdelkrim, enfin… J’accompagnais mon frère en m’effaçant le plus possible jusqu’à « devenir transparent » L’fen c’était une affaire de grands. Et puis, petit à petit, je prenais la « derbouka », et puis aussi la guitare. Je me souviens qu’en 1979-1980 je suis parti tout ému, à la Radio chaîne II –« nouva ihaffadhene »- à l’époque c’était Md RACHID, j’ai fait un passage. On m’a remercié et puis c’est tout. D’ailleurs que veux-tu qu’on te dises de plus ? En 1981 j’ai fait mon propre enregistrement à Alger chez « Mahboubati  ». Une cassette qui n’a pas été une réussite en tous cas. Voilà comment j’ai débuté.

Alors depuis, voilà donc un démarrage pas tout a fait encourageant. J’avais à l’époque 20 Ans. J’étais très déçu, je me suis arrêté et déclaré forfait. Le service National est venu à point nommé pour une parenthèse justifiée. La quille arrivée, c’est le divorce avec la chanson. Ainsi, pour ne pas rester « veuf »  je mis fin à mon célibat (Je fis une maison), comme on dit. La traversée du désert dura jusqu’en 1994. Des amis viennent assez souvent pour me rappeler que je me devais de reprendre la chanson et que j’y étais presque prédestiné. Allons y donc : Je pris mon courage « à plusieurs mains» - Les deux miennes et celles de mes amis – et me revoilà parti pour une autre cassette en 1994 que j’ai enregistrée à AZAZGA. J’ai rencontré un éditeur à Bgayet (FALAISE MUSIQUE) qui a accepté de prendre en charge ce produit. Ce fut « Amek akka ar ahlough ». J’ai récidivé avec une cassette chaque fois  1995 d’abord, 1997, 2000, 2001 et enfin 2002.

 

La dépêche de Kabylie : Et pour ce dernier produit ? Pourquoi d’abord le retard dans sa mise sur le marché ?

 

ABBAS NAT R ZINE : Je vais te parler d’abord de l’avant dernière cassette. Elle était prête déjà l’année dernière en plein événement du printemps noir. Pour te faire une confidence : La cassette mise sur le marché en 2002 a été enregistrée bien avant celle vendue en 2001. Nous avions prévu l’éditeur et moi d’effectuer les deux enregistrements à ALGER. Nous avions commencé avec la première, puis ce fut le début des émeutes en Kabylie. Je me suis arrêté. L’éditeur lui a insisté pour qu’on continue le travail, nous partîmes donc voir un studio à AKBOU « JUBA-SON », nous avons commencé la seconde cassette. La première a été faite rapidement. Elle est sortie quand même. Moi, j’étais contre, surtout que les textes étaient tous en déphasage avec le quotidien de mes frères et les préoccupations des jeunes du moment. Et ce fut pendant l’hivers passé, que nous avons achevé le travail qui est sorti le 15 mars de cette année.

 

La dépêche de Kabylie :   Et le contenu ?

 

ABBAS NAT R ZINE : Le contenu est composé de chansons d’amour sauf une qui parle de social. C’est des textes  que j’avais écrit en 1987, 1988. Quand l’éditeur est venu, il a demandé à choisir, il a fait son choix.

 La dépêche de Kabylie :   Ton style est influencé par « Chrif Kheddam » je me trompe ?

 

ABBAS NAT R ZINE : Non, tu ne te trompes pas, Da Chrif est un grand monsieur. Ca m’honore d’entendre cette remarque. Effectivement je suis un fanatique de Da Chrif.

 

La dépêche de Kabylie : L’as - tu rencontré un jour ?

 

ABBAS NAT R ZINE : Non, mais l’hivers passé, quand Ferhat Imazighen Imoula est venu ici à Guendouze, je lui ai remis un CD qu’il a transmis en mains propres à Da Chrif. D’ailleurs, j’ai dans ce CD rendu un hommage à ce pilier de la chanson Algérienne avec un teste de ma composition et une musique à lui. Ferhat m’a dit que ça avait  fait  un très grand plaisir au chantre. Je souhaite un jour le rencontrer si Dieu le veut.

 

La dépêche de Kabylie : A entendre ton chant on est charmé. Pourtant en 20 ans de carrière on dirait que tu n’as pas défoncé les portes de la réussite, a quoi cela est-il dû ?

 

ABBAS NAT R ZINE : Oh, tu sais, un chanteur chante avant tout ce qu’il ressent. Maintenant est-ce que ça plaît ou non, c’est une second volet. D’abord si ça me plaît, ça doit certainement plaire aussi aux gens qui pensent comme moi. Si je partage ce plaisir avec beaucoup de gens, c’est tant mieux, sinon, c’est suffisant avec mon publique.

 

La dépêche de Kabylie : Ce n’est pas ce que j’ai voulu dire. Entre l’artiste et son publique,  il y a aussi un passage obligé, une sorte de pont : c’est l’éditeur.

 

ABBAS NAT R ZINE : Oui, les éditeurs, dans la majorité des cas sont commerçants, des gens qui n’ont rien à voir avec la musique, ils achètent et revendent. Ils suivent la loi du marché. Ils n’achètent que ce qu’ils peuvent revendre à un plus grand nombre. Ainsi donc le souk, demande et en a pour son argent…  L’éditeur te demande de  lui ramener une marchandise et vient te passer commande. Je ne peux pas rentrer dans ce jeu, Je chante d’abord ce que je ressens. Si le monde était monde, c’est aux gens de suivre le cours de l’art, et non pas l’art qui va fluctuer en fonction de la demande.

 

La dépêche de Kabylie : Machi akka am ddevize ayya !

 

ABBAS NAT R ZINE : Voilà !  Moi je me souviens d’une époque, où les chanteurs avaient des genres différents, certains aiment Chrif Kheddam, d’autres Taleb Rabah ou Ait Menguellat… C’est le public qui choisi apprécie et suit son idole. Ce n’est pas à l’artiste de chercher d’abord un publique et de sonder, ce qu’il veut bien entendre. On subit et c’est tout… « Tfouk dunith ».

 

La dépêche de Kabylie : On dirait que le chant Kabyle n’a pas tellement gagné en qualité depuis le boom des années 70, c’est vrais ?

 

ABBAS NAT R ZINE : Oui, la chanson a baissé le niveau, même s’il reste bien entendu des gens qui maintiennent. C’est derniers temps, on se rend compte qu’il n’y a pas de recherche. On réchauffe. Et encore, même la réchauffe on ne réussit pas toujours à lui donner une âme nouvelle conforme à notre époque. A mon humble avis, il y a beaucoup de chanteurs et peu d’artistes.

 

 

La dépêche de Kabylie : Un artiste peut-il vivre de son art ici chez nous ?

 

ABBAS NAT R ZINE : Non, je ne crois pas, puisque… il ne fait pas vivre. Non … C’est une question qui ne mérite même pas d’être posée.

 

La dépêche de Kabylie : J’ai deux questions concernant le nouveau centre culturel d’Ait R’zine qui ouvrira bientôt ses portes. La première :…

 

ABBAS NAT R ZINE : Arjou, thagui ksits !

 

La dépêche de Kabylie :

 

La dépêche de Kabylie : Comment l’artiste que tu es vit-il le printemps noir ?

 

ABBAS NAT R ZINE : Tous les Kabyles sont blessés dans leur âme et dans leurs chaires. Des enfants sont morts, d’autres  porteront à vie les traces de balles et le projectiles normalement  destinée à la pègre et aux terroristes. Des gens se sont vus détruire leurs locaux, le patrimoine commun. Tout ça m’attriste. Mais qu’est-ce que tu veux, il n y a rien pour rien. Pour arracher des droits, il faut se battre. C’est probablement un passage obligé.

 

La dépêche de Kabylie : Et pour toi, quelle est la solution pour solutionner les problèmes que vit la Kabylie.

 

ABBAS NAT R ZINE : Je crois qu’il y a déjà des propositions faites par des  politiciens, moi je n’en suis pas un. Mais je suis d’accord.

 

La dépêche de Kabylie : C’est à dire ?

 

ABBAS Nat Rzine : Ferhat a eu le courage de dire haut ce que je juge être une juste solution. Il y a bien sûr le pouvoir qui use de toutes les ruses pour diaboliser toute idée qui va à l’encontre de son système rentier. Pourtant des pays comme la Suisse, l’Espagne, les états unis et bien d’autres s’organisent bien de cette façon. Avec un gouvernement centrale commun, un drapeau commun, une armée commune, une même monnaie. Mais autre chose, ça ne te regardes pas mon ami. La Kabylie  va gérer son économie et son école comme elle veut. Mais le chemin est long. Quand tu vois deux personnes qui sont unies- admettant des frères dans une même maison- si c’est la paix, c’est que chacun d’eux a donné du sien pour cette paix et  l’harmonie. Mais s’il n’y a pas de paix c’est qu’obligatoirement une partie est laisée, c’est qu’un seul des frères nourri cette paix et que l’autre le fait souffrir. Et si ils ont duré dans la vie commune, c’est que l’un a supporté, si tu entends du bruit c’est qu’il en a marre de supporter. La solution est  toute simple d’ailleurs regardons comment font nos aïeux, et bien chacun fait sa marmite comme on dit. Ainsi c’est la paix. Tu veux que je t’explique mieux que ça ?

 

La dépêche de Kabylie : Comme tu veux !

 

ABBAS NAT R ZINE : Toi, tu ne changeras jamais, tu pousses à l’extrême, Et puis d’ailleurs MACHI D’YIWETH !

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Rabah est décédé à AMGALA (Sahara occidental) dans une attaque des  forces armées marocaines.

J.F.LN (Jeunesse du Front de Libération Nationale) et U.N.J.A (Union Nationale de la Jeunesse Algérienne) organisations satellites du FLN la seconde ayant remplacé la première. 

M.BOUDJEMAA

 

Le citoyen d’Ait R’zine nous répond.

(paru dans la dépêche de Kabylie du jeudi 8 aout 2002

Dans votre édition du 5 août 2002, à la page 9, sous le titre « MESBAH Abdelkrim dit Krimo », votre correspondant Mr  OUDJDI Khelaf a rapporté les dires d’un citoyen qui dans le contexte pourrait prêter à équivoque.

Je ne voudrais pas énumérer les incohérences, pour reprendre chaque détail. Je souhaite toutefois si  vous le permettez, éclairer l’opinion sur le dernier paragraphe où il est dit, je cite : … « Les vêtements que portait Krimo le jour de son assassinat ont disparu, selon les services de l’hôpital d’Akbou, ils auraient été remis à un citoyen du village d’Ait R’zine. Sa pauvre mère les cherche désespérément pour les ajouter aux lots de souvenirs qu’il a laissés »…

Ce citoyen d’Ait R’zine  c’est moi.

Le 19 juin 2001, jour du décès du regretté Krimo que Dieu ait son âme, quand des milliers de personnes pleurant notre héros, hissaient le cadavre de l’hôpital d’Akbou pour l’enterrer dans son village natal devant le siège de l’APC. J’avais cru judicieux, en prenant ses vêtements pour les soustraire à la morgue et à l’oubli, de les ramener moi même à la maison.

Arrivé à la maison mortuaire, j’avais demandé qui s’occupait des funérailles, on me présenta Mr MESBAH Djamal  parent très proche de Krimo, qui réglait tous les détails. Je lui fit part à lui ainsi qu’à un autre parent Malek MESBAH  de notre volonté de garder ces vêtements pour en faire un projet d’exposition à la futur « centre culturel » qui n’avais pas encore ouvert ses portes. J’avais proposé de mettre ses vêtements dans une sorte d’aquarium en verre en vue de l’exposer et ainsi rappeler aux générations futures, le parcourt douloureux de notre combat commun : celui des citoyens que nous étions. Le meilleur ami de feu Krimo : MR MENZOU Bakiche a été mis au courant de ce projet et l’a agrée.  Plein de gens alentour étaient au courant d’un tel projet.

Les choses sont rentrées dans l’ordre hier le jour même de la parution de l’article. Puisque les vêtements ont été remis à une délégation que j’ai moi-même choisi pour assister à cette mise au point. Mr MESBAH El Hadi était présent.

Quand au prétendu argent que j’aurais gardé chez moi alors qu’il a été ramassé au nom de son frère décédé. Permettez-moi aussi puisque l’occasion nous est donnée d’en nettoyer les contours :

L’association de l’émigration  « Tagmats ay Amazigh » en date du 23 juillet 2001m’a destinée la somme de 175.000,00 DA pour le garder chez moi quatre personnes adultes, toutes du village ont assisté sur mon insistance à cette remise.

Cette argent aujourd’hui a été dépensé selon le vœux des gens qui me les ont destinés. Tous les bons de dépenses ainsi que les signatures des destinataires sont là (çi joint des copies) Mr MESBAH EL HADI a écouté les détails de la dépense de cet argent.

Le Président de l’association en question est ici présent au village. Je met à disposition de n’importe quel villageois, les détails de cette malheureuse histoire. Et il le seront aussi par voie d’affichage, c’est promis.

Je tiens à enfin conclure qu’à cet instant, il ne reste pas un centime de cet argent ni d’un quelconque autre. Je n’oubliera pas de remercier le correspondant de votre journal d’avoir permis ce débat.

 

Malek BOUDJEMAA Citoyen d’Ait R’zine

 

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